Histoire du Port Vieux Biarritz
La sagesse individuelle est une folie collective, il n'y a qu'un fou pour reconnaître un fou, il n'y a qu'au port vieux qu'une telle atmosphère règne avec autant de bonheur! Chacun met du coeur a l'ouvrage et s'evertue au bon plaisir de l'autre en se faisant plaisir soit même! C'est une pépite bombe de magie ce quartier qui s'anime. Je veux vous en parler comme il se doit!
Avant de devenir ce qu'il est aujourd'hui, le port vieux a vu bien des choses, connu des bouleversement, de la magie, des batailles aussi. Il est l'histoire, il est la vie. Historique, avant-gardiste, indépendant, mystérieux, voir mystique. Le port vieux aura bercé l'ame d'Ernest Hemingway, Victor Hugo, Coco Chanel, Louis XIV, Maurice Ravel, Napoléon III... Je veux vous compter son architecture, sa folie, vous faire connaître au mieux ce lieux hors norme. Préparez vous a faire un bon dans le temps et l'espace, pour un retour fulgurant en l'an 1152.......
Le port vieux connaît un bouleversement économique au xixe siècle à l'avènement des bains de mer. L'impératrice Eugénie en fait son lieu de villégiature, et avec elle toute l'aristocratie européenne fréquente le port vieux. Le climat doux de la station, le spectacle de l'océan et ses vagues puissantes, ainsi que l'éclectisme de l'architecture ont inspiré de nombreux écrivains ou chroniqueurs.
En 1152 les alliances princières et les églises protègent la cote et l'actuel port vieux. On en déduit deux activités principales, l’une agricole et la seconde, tournée vers la mer.
1342 le château de Ferragus situé à l'Atalaye ( a la place du musée de la mer actuel ) surveillera le Port vieux et la péche des baleines. Imaginez.... deux murs de deux mètres, un pont levis et quatre tours. Le prince noir réorganisera la château fort contre la menace des corsaires d'Alger et de Tunis qui dévastaient les cotes de Gascogne et s'emparaient des habitants pour les vendre sur les marchés des esclaves. En 1739 le ministère de la marine installera un feu sur l'une des tours pour servir aux marins de phare et l'appellera " la tour de la Humade ". La tour s'effondra en partie en1856 et les allemands détruiront les restes.
1568 voit l’élection d’une délégation de la paroisse pour défendre ses intérêts, composée de huit mariniers et de quatre laboureurs. Ces quelques éléments permettent de cerner la période de l’indépendance du port vieux. L’activité de Biarritz durant cette période est surtout maritime. De jour comme de nuit un guetteur est posté sur le promontoire de l’Atalaye, scrutant l’horizon à la recherche du jet fusant le souffle de la baleine. Aussitôt harponnée par des hommes embarqués sur des baleinières mouillant dans le Vieux-Port, la baleine est traînée jusqu’à ce dernier pour être dépecée. La prise du dernier cétacé à Biarritz date du 2 ou 3 mars 1686.
La disparition de cette source de revenus importante est à l’origine d’une nouvelle activité. Les mariniers et autres nautoniers s’embarquent sur des bateaux corsaires. Du fait de leur soif d’aventures ou de leur caractère entreprenant, les Basques n’ont pas hésité à s’élancer au-delà des horizons. On compte au xviie siècle dix capitaines Biarrots et près de 300 marins sur les rôles maritimes, et une cinquantaine de capitaines au siècle suivant. De nos jours, la légende veut que l'esprit et le sang des baleines mêlés au courage et à la folie des corsaires hantent encore chaque habitant du port vieux. Nos eaux gardent le secret des aventures corsaires.
XIIIème siècle, la seule croyance jamais élucidée du port vieux reste celle des sorcières. Les "sorginak", "laminak" ou "gaizkinak"... Si les femmes des marins parlaient des "sorginak" pendant qu’ils travaillaient, ils cessaient de pêcher. Selon la légende, les sorcières se transformaient en vague, poursuivant les marins. Elles montaient jusqu’aux mâts des navires et jetaient leurs mauvais sorts sur les marins et les pêcheurs avec leurs poudres diaboliques". Elles provoquaient aussi des tempêtes, comme le prouvait le naufrage du navire "Marticot" de Ciboure. C’est ce que l’on déclara devant le juge français Pierre de Lancre au cours du procès qui leur fut instruit : "Direnik, ez da sinistu bear; ez direla ez da esan bear" ("Il ne faut pas croire qu’elles existent; mais il ne faut pas dire qu’elles n’existent pas.")
Au milieu du XVIème siècle, la cote basque fut envahit par les sirènes et le "traganarru" considérer comme le génie des tempêtes, qui semait la " terreur parmi les hommes de la mer. Elles avaient pour habitude de se coiffer au soleil et de jouer sur la plage. Des pêcheurs aperçurent entre les vagues "une figure humaine d’aspect rationnel qui nageait avec une grande habileté. Piqués par la curiosité, ils réussirent à capturer cet être surprenant après d’énormes efforts". On raconte qu’elle vécut neuf ans et disparue finalement sans laisser de traces. On parle aussi du "Herensuge" le dragon. Beaucoup de légendes et de mythologies se racontent encore...
Dès 1784, les bains de mer de Biarritz sont à la mode et Napoléon s'y baigne en 1808. Victor Hugo, éprit de la ville en 1843 évoque déjà le risque de la voir devenir balnéaire, il écrit : " hameau de pêcheurs, pleins de mœurs antiques et naïves, assis au bord de l’océan ne devienne à la mode. Village à toits roux et à contrevents verts posé sur des croupes de gazon et de bruyère dont il suit les ondulations, ne soit pris du mauvais appétit de l’argent..."
L'impératrice Eugénie décide d'en faire sa villégiature après y avoir séjourné deux mois en 1854 et Napoléon III lui construit un palais "L'hotel du palais". Les têtes couronnées de toute l'Europe arrivent et font le succès de la ville.... « Biarritz la reine des plages et la plage des rois ».
En 1864, Napoléon III aura comme projet de construire un port de refuge qui deviendra " le rocher de la vierge "
1893 la reine Nathalie de Serbie inaugure les thermes salins. Ces établissements sera fermé à partir de 1953 et rasé en 1968.
Le pays Basque se transforme en 1877 reliant via le tramways Biarritz / Anglet / Bayonne qui deviendra le B.A.B.
L'aquarium du port vieux ( face au rocher de la vierge ) est le premier musée de la mer créer en 1871. Accolé au plateau de l'Atalaye. Il ouvre ses portes le 10 août 1933
Le Marquis Léopold de Folin déclare qu'il faut créer à Biarritz "un foyer d'études qui deviendra un centre sur lequel on convergera de toute part". C'est au port vieux que cette idée naquis " l'Aquarium de Biarritz", premiers établissements français où l'on parlait de l'océanographie à un public qui se passionnait pour le monde fascinant des océans. L'Aquarium est alors une réalisation tout à fait moderne dans son architecture, sa décoration et son aménagement. Son but essentiel est de montrer l'océan sous toutes ses formes : les fonds marins, le rôle de la mer dans la formation des continents, le peuplement des eaux, l'exploration et l'exploitation de ces espaces qui recouvrent 71% de la surface terrestre.
En 1851 le port vieux voit la construction de la villa "le Goéland" sur le plateau de l'Atallaye. Le nouveau propriétaire, Paul-Michel Ravizé et la cousine de l'impératrice Eugénie. La comtesse Sclafani et sa famille y habitèrent en juillet 1861.
Jean-Ernest Lannes, comte de Montebello, achètera la maison en novembre 1867 devenue Villa Montebello. En 1903, Yvonne fille d'Ernest Doux, préfet des Basses-Pyrénées prend place dans ces lieux inondés. Elle se plaindra que les draps et les couvertures des 12 chambres sont trempées.... Tout le voisinage se mit a imputer la villa des dégâts d'humidités dans leurs maisons en contre bas. La Villa Montebello fut achetée en Octobre 1902 par Jules Descamps, filateur, président de la Chambre de commerce de Lille et renovée par l'architecte Gaston Ernest. Le Goéland avec son mélange de pierres, briques et pans de bois, sa tour en poivrière, son jeu de toitures, ses ouvertures de style flamboyant, ses arcs Tudor, est l'un des rares témoignages à Biarritz de la Belle Epoque.
Biarritz possède une villégiature balnéaire incroyable. Avec le développement de la médecine climatique, on installe une nouvelle façon de vivre. L'architecture prend un essor de manière exponentielle.
Coco Chanel ouvre en 1915 deux boutiques. Un grand nombre de personnalités festoient dans la ville. Biarritz etait une plaque tournante de la mode pour le monde entier, apres la guerre, durant les années folles.
C'est a cette époque que la villa Belza prit toute sa place dans le coeur du port vieux et des Biarrots.
Construite sur le "pont du diable" la demeure Belza ( noir en Basque ) alimentera les légendes les plus folles, laissant entendre des voix de sorcelleries, de revenants.... l'antre du mystere !
Sa beauté sera mise au profil du cinéma et servira de décor lors de diverses scènes. En 1923 la propriétaire, Madame Dufresnay, louera sa maison à Gregoire Bellankine faisant de la villa un restaurant russe développant des dîners somptueux et des galas incroyables : Fêtes japonaises, fête de Neptune et celle de Bacchus. Pour les fêtes Africaines, les jardins deviendront des forets vierges, rien ne manquera, ni lianes, ni animaux exotiques, même les gorilles et les boas s'enrouleront autour des Tamaris. ( L'esprit des baleines et des Corsaires hantaient déjà les villageois de leurs folies....) Belza couvrait le bruit des revenants par le Charleston et le rire des occupants. Lieux magique et frénétique qui deviendra au fil du temps une "maison close" où les plaisirs de la chair ravira l'ame de Belza. Le prince de Galles ( le futur Edward VIII ) était un adepte convaincu de ces soirées et les grands-ducs Russes s'en donnaient a coeur joie.
En 1927, les Mousquetaires ont pris leurs repas dans une des salles transformée pour l'occasion en auberge, les murs tapissés de tentures rouges.
Le krach boursier de 1929 n'empechera pas la fête, mais plus rien ne sera comme avant. En 1940, Belza sera réquisitionnée et séparée en 7 appartements. Elle sera déchirée entre les nouveaux propriétaires. La villa subie son premier incendie. En 1974, un second incendie venu de nulle part ravage la villa. Elle restera ouverte aux squatters durant les procès interminables et les lenteurs administratives. En 1997 un marchand de bien rachètera Belza, la sauvant des ruines pour devenir celle que l'on voix aujourd'hui.
1940, les Allemands creusent le mur de l'Atlantique dans les falaises de Biarritz et occupent la cote Basque durant la seconde guerre mondiale. Le port vieux devient un gruyère. Aujourd'hui encore, des trappes et des sous-terrains existent dans les maisons afin accéder par le sol a l'ocean. Le 27 mars 1944, la ville est bombardée, 150 personnes y trouvèrent la mort parmi la population civile.
En 1956, le scénariste américain Peter Viertel et son épouse Deborah Kerr se rendent à Biarritz pour le tournage du film Le soleil se lève aussi, tiré du roman d’Hemingway. Il utilisent une planche de surf qu'un ami fait venir par avion de Californie.
En Août 1956, alors que Peter s’essaye au surf à la Côte des Basques en compagnie d'Ernest Hemingway et de Monsieur Bladinaire, la planche part seule dans la vague. En arrivant au bord, l'avant se casse. Georges Hennebutte, pionnier de l'utilisation des stratifiés, se propose de réparer la planche.
En juin 1957, Peter Viertel revient, fort de quelques sessions en Californie, avec trois planches supplémentaires. Il en confie une à Joël de Rosnay, le premier «grommet» de l’époque qui fait de rapides progrès. Histoire racontée par Joël de Rosnay Vidéo cliquez ICI.
En 1958 Michel Barland se lance dans la fabrication de planche. Le surf-club de Biarritz, le Waïkiki est créé le 16 septembre 1959, par Jo Moraïtz ; le 24 juillet 1960 a lieu la première compétition internationale, et le 11 septembre 1960, la première édition des championnats de France, dont le lauréat est Joël de Rosnay. Les Biarrots et les touristes découvrent alors le spectacle insolite de ces hommes glissant sur les vagues, au large de la Villa Belza. Se constitue alors le carré des pionniers du surf en France : " Les tontons surfers " Peter Viertel, Georges Hennebutte, Jacky Rott et Joël de Rosnay ainsi commence le surf en europe.
Une fois encore, la cote basque déplacent les foules. Un grand nombre d'acteur se pressent a essayer le nouveau sport a la mode, Catherine Deneuve prend des cours avec Joel de Rosnay qui s'emerveille devant sa beauté.
La cote des Basques est un haut lieu de RDV. Les curieux se pressent le long du rivage pour observer le spectacle. 1968, l’époque est effervescente. L’expérience est liée à l’ambiance de révolte utopique dans laquelle baigne la jeunesse d’alors. Pendant que les pavés volent à Paris, à Biarritz, on voit débarquer les premiers vans de surfer aux cheveux longs et pantalons "pattes d’ef". Bob Dylan, les Beatles et les Stones envahissent les transistors.
Cette génération découvre avec émerveillement les performances des surfers de Californie, Hawaii ou d’Australie a travers les premiers films de surf comme « Free and Easy », «Evolution», « Oceans », « Five Summer Stories » Aujourd'hui encore, Biarritz reste la capitale du surf en France.
C'est par les océans que la vie fut. L'homme s'eprant de folie voulant dominer l'indomptable, voulant posséder l'inachetable, finissant par l'aimer devenant esclave de ses biens fait. La boucle est bouclée. L'ocean nous berce et nous nous devons de le protéger.
Le port vieux s'unit pour perdurer l'histoire, combattre contre les troues de mémoires. Sigillum consigli de Bejarriz / Notre barque guidée par une brillante étoile et poussée par une brise favorable sur un incomparable océan, vogue vers un avenir toujours plus prospère et décalé ! LE PORT VIEUX en force !!!!!!
Photo Cecilia Thibier résidente et amoureuse du port vieux.
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